FAKENEWS & BOBARDS (3) – L’IMPOSTURE DES MÉDIAS TRADITIONNELS

Comment les médias traditionnels ont perdu leur crédibilité

TOUTE VÉRITÉ N’EST PAS BONNE À DIRE

Pensez-vous que les médias cherchent à vous dire la vérité ? Ils devraient. Mais ils ne le font pas. Volontairement.

Les médias « bien pensants » aiment dénoncer les fausses nouvelles et les réseaux qui les propagent. Mais en fait ces mêmes médias « bien pensants » en sont les plus grands pourvoyeurs. Ils n’ont pas comme fonction première la défense de la vérité.

Les médias sont des entreprises qui doivent faire du profit. Ils doivent être – économiquement – rentables. Pour ce faire ils attirent (lisez attrapent) les lecteurs par des informations qui leur permettent ensuite de vendre du divertissement, de la distraction, de la publicité.

Les informations ont comme unique but d’attirer les clients au reste du contenu du journal. Les informations sont une excuse, un prétexte.

Si nos médias pouvaient se passer de l’information, ils le feraient.

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L’information honnête et digne de confiance des médias est un mythe, un leurre, qui a été créé dans notre société pour mieux nous vendre le reste du journal.

L’information véridique au public n’est pas le premier devoir de la presse et toute information des médias doit être remise en question.

Il est vrai que le mensonge requiert certaines compétences, pas seulement l’habileté du trompeur mais surtout celles nécessaires à l’énonciation du vrai.

Il faut en même temps être dans le sens du « mensonge collectif à la mode » (actuellement le climat) et porter sa contribution sans mettre mal à l’aise la responsabilité des lecteurs (lisez clients des publicités) du média.

Si certains mensonges sont punis par la loi, comme l’usage de faux ou le non-respect des contrats dans le commerce, la fausse déclaration en politique comme dans les médias ne l’est pas.

Au mieux, l’auteur fera la une du journal pendant quelques semaines, au pire il rentrera à la maison et sera vite oublié.

On peut appeler ça : hypocrisie de circonstance.

Durians en vente au marché en dessous de chez moi CHF 3.30/kg

UN EXEMPLE FRAPPANT – le durian

20 minutes publie le 9 février 2018 un article concernant le durian, sous le titre , (par incurie) « Une déforestation féroce pour un fruit nauséabond ». On y apprend que « La Malaisie rase des pans entiers de forêts pour satisfaire l’engouement croissant des Chinois pour le durian. L’appétit grandissant des Chinois pour le durian, un fruit oblong à l’odeur tenace, est accusé de susciter une nouvelle vague de déforestation en Malaisie, où une partie de la jungle est rasée au profit de plantations. »

« La déforestation est en cours pour planter des durians destinés à répondre à cette demande », confirme Sophine Tann, de l’association PEKA.

 » Le gouvernement vise un doublement de la production de durians d’ici à 2030, pour atteindre 443’000 tonnes. « 

 » Le gouvernement malaisien encourage au contraire la culture du durian: les agriculteurs du pays sont poussés à exploiter les vergers existants. »

 » Le ministère de l’Agriculture malaisien veut croire que les plantations vont se développer progressivement, et le ministre Salahuddin Ayub assure que «la déforestation de zones nouvelles n’est pas encouragée», dans un communiqué à l’AFP. « 

 » Il rappelle que les coupes de forêts sont régies par des règles environnementales strictes. »

 » Mais les défenseurs de l’environnement sont pessimistes.
La culture du durian «amène encore plus de déforestation et de perte de biodiversité en Malaisie», estime l’association Rimba. « 

 » Elle met en garde contre le risque de «destruction de l’habitat de nombreuses espèces, dont des tigres, des éléphants, des primates ou des toucans». selon 20 minutes « 

Dans les commentaires 132 personnes donnent leur avis. Comme le média, qui ne connaît absolument rien au problème, les a mal renseignés, ils sont virulents par principe et par réaction. C’est triste, désolant de bêtise et consternant de pauvreté d’arguments.

Quels sont les faits qu’aurait dû vérifier notre journaleux/donneur de leçons (si prompt – par ailleurs – à descendre dans la rue et à se plaindre de perdre son travail qu’il fait si mal) ?

La Malaisie – aujourd’hui – cultive déjà 265’000 tonnes de durian.

Si elle veut atteindre les 443’000 tonnes (le journaliste ne nous fournit aucune référence, et on ne peut que le croire – ou pas) cela fait une augmentation de 178’000 tonnes pour 2030.

Il y a plusieurs type de durians. Mais en moyenne un arbre peut fournir environ 220 kg/an et demande un espace d’environ 100 m² autour de lui.

Ce qui fait qu’ – en moyenne – on a un rendement de 2,2 kg / m² .

Sachant l’objectif supplémentaire de178’000 tonnes, les terres nécessaires sont de 178’000’000 kg/2.2 kg/m2 = 80’909’091 m2 ou 81 km² .

Les 81 km² supplémentaires – s’ils doivent être entièrement défrichés, ce qui n’est absolument pas prouvés – représentent un carré de 9 km de côté ou 0.00024 de son territoire.

La Malaisie compte une superficie de 329’750 km² (soit 8 x la superficie de la Suisse).

Comparé à la superficie de la Suisse de 41’285 km² , cela ferait un total de 10 km² soit les 2,5 petits carrés noirs de la carte ci-dessous.

Comparé à un terrain de football de 120 m x 50 m, cela reviendrait à défricher chaque année un carré de moins de 37 cm x 37 cm. Il y a peu de risques pour les tigres et les éléphants.

A tous ces calculs, si la plantation se fait en diagonale, comme le font les Malaisiens, on gagnerait encore 40 % de surface (en moins à défricher).

Donc le média est MENTEUR de prétendre que cette “déforestation féroce” met en danger la « destruction de l’habitat de nombreuses espèces, dont des tigres, des éléphants, des primates ou des toucans ». C’est un mensonge et c’est très grave.

Part de déforestation pour la culture du Durian rapportée à la Suisse
sur une carte de Duc-Quang Nguyen, Mathieu Rudaz

LA VÉRITÉ N’INTÉRESSE NI LA MASSE, NI LES FAISEURS DE POLITIQUE

La vérité a besoin de trop de nuances. Elle est trop complexe, trop subtile.

Nos faiseurs de politiques et nos médias ne manquent aucune occasion de nous rappeler « la chance qu’on a en Suisse » de pouvoir s’exprimer. Soit.

Mais étudions un peu qui s’expriment, sur quels sujets et selon quels critères.

On ne peut pas TOUS savoir TOUT sur TOUS les sujets. Par définition, nous connaissons mieux certains domaines que d’autres. Il nous faut donc faire entière confiance, dans certains cas à l’information que nous recev(i)ons – uniquement – par les médias.

Hélas, le médias sont plus prolixes concernant Manchester United que concernant le durian.

Le jour où j’ai lu – dans les deux domaines que je connais le mieux – ce qu’écrivaient les médias, j’ai commencé à me poser des questions puis à perdre confiance. S’ils étaient capables de dire autant de bêtises dans ces domaines, comment leur faire confiance dans les domaines dans lesquels je n’avais pas de vraies références ?

Et c’est précisément là que le mensonge/fake news – grossier et stupide – de notre média est dangereux.

Pour une personne qui sait parce qu’elle vit à côté du marché qui vend des durians (voir la photo que j’ai prise hier) cultivés sur place, combien ne savent rien du problème, n’ont jamais fait quelques pas dans la jungle et ne se rendent pas compte de la situation réelle et actuelle.

Je ne suis pas là pour défendre les forêts de la Malaisie, mais sachez que quand le ministre français – du commerce extérieur, si ma mémoire est bonne – est venu donner des leçons de conduite au gouvernement concernant la déforestation, il s’est entendu répondre que le Nutella était moins nocif que l’alcool, ne tuait personne, et que si le ministre pensait que la planète manquait d’arbres, il n’avait qu’à arracher ses propres vignes pour en planter.

Cela a fait la une des journaux ici, mais n’a pas été relayé par les journaux suisses et français. On devine pourquoi.

Je suis ABSTENTIONNISTE car je ne participe plus à cette démocratie qui ne fournit pas l’information nécessaire et correcte à son peuple qui prendra les décisions par majorité. Elle érige ses propres vérités comme cela l’arrange. L’hypocrisie de l’opportunisme, désolé, j’en suis fatigué. C’est sans moi.

L’hypocrisie DE CIRCONSTANCE de la vérité, ce n’est plus pour moi.

LA BONNE NOUVELLE c’est que l’avis des Suisses (et du ministre français) n’atteignent pas les Malaisiens. Le salaire minimum en Malaisie est de CHF 197.-/mois. Ils ont assez de leurs problèmes sans entrer dans une polémique stérile de nouveaux riches qui donnent leur avis – péremptoire – sur tout et surtout sur ce qui ne les regardent pas. Malgré tout ce que l’on croit en Europe, la vie réelle ne dépend pas d’une foule – fut-elle habillée en jaune – et de ses sautes d’humeur.

L’autre BONNE NOUVELLE c’est que la Malaisie peut ainsi se développer et vendre des fruits cultivés par ses propres habitants. Et sans nier que la déforestation reste un problème – auquel je consacrerai peut-être un article – il serait temps que nos médias informent un peu mieux les  » citoyens votants encore « .

Il en va de la crédibilité de la source des informations et partant de la survie de la démocratie, ou de ce qu’il en reste.

Je vous souhaite une douce et agréable journée (je vous offre le dessert).

PS: Jeudi prochain, comme promis la semaine passée, je m’attaque à un sujet brûlant. Je vous parle d’égalité.