L’ERREUR DE JUGEMENT ou le syndrome de GALILÉE

Et pourtant elle tourne…

LE JUGEMENT

En 1633 – le 22 juin – le Saint-Office juge et condamne Galilée qui affirme que la TERRE TOURNE sur elle-même et qu’elle n’est pas le centre de l’univers. Cette représentation du monde est – fondamentalement – contraire à celle présentée par la bible.

En 1981 – 348 ans plus tard – Jean-Paul II nomme une commission d’étude, composée d’historiens, de savants et de théologiens, qui remet ses conclusions à l’Académie pontificale des sciences.

En 1992 – le 31 octobre – l’Église RECONNAÎT – pour la première fois après 359 ans – DES ERREURS dans son jugement.

Aujourd’hui – comme hier – le JUGEMENT est quelque chose de difficile et les ERREURS DE JUGEMENT sont encore légion.

L’incapacité de voir la limite de ses propres dogmes, malmenés par le changement, n’est certainement pas limitée au Saint-Office. On a vu comment Kodak – qui a inventé le premier appareil de photo numérique – a fait l’ERREUR DE JUGEMENT de ne pas y croire.

Tout le monde a le droit de se tromper.

  • « Le cheval est là pour rester, mais l’automobile n’est qu’une nouveauté, une mode. », disait en 1903 le président de la Michigan Savings Bank en conseillant à l’avocat de Henry Ford de ne pas investir dans la Ford Motor Co.
  • « Je pense qu’il y a un marché mondial pour peut-être cinq ordinateurs. » – Thomas Watson, président d’IBM, 1943
  • « La télévision ne durera pas parce que les gens seront bientôt fatigués de regarder une boîte de contreplaqué tous les soirs. » – Darryl Zanuck, producteur de films, 20th Century Fox, 1946

Mais ici nous sommes dans le cas d’un NOUVEAU PARADIGME, d’un changement, nous sommes en face de l’inconnu. Qu’en est-il si nous devons juger QUELQUE CHOSE de CONNU ?

Les baguettes de l’EXPÉRIENCE DE ASCH

L’HOMME EST-IL CAPABLE DE JUGEMENT (et accessoirement de voter ) ?

Stanley Milgram est un psychologue très connu et qui a été rendu célèbre par sa fameuse expérience à la soumission. Cette expérience cherchait à évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l’autorité. Elle a montré que plus de 60% des participants sont prêts à tuer un homme si on les assure qu’ils ne seront pas inquiétés. Pour le détail de cette expérience, je vous renvoie à Wikipédia.

L’expérience a été décriée par certains mais Monsieur Jerry M. Burger, de l’université de Santa Clara en Californie, a obtenu les mêmes résultats en répliquant l’expérience en 2008. La capacité d’obéissance à l’autorité chez l’homme moderne n’a rien perdu de son actualité.

Mais il y a aussi d’autres expériences – moins connues – mais qui confirment que nos choix – et donc nos jugements – sont fortement influencés par notre environnement.

L’EXPÉRIENCE DE ASCH

Je voudrais vous parler d’une autre expérience, moins extrême mais tout aussi intéressante. Il s’agit de l’EXPÉRIENCE DE ASCH, qui est une expérience du psychologue Solomon Asch qui démontre qu’un individu peut rendre un jugement qu’il sait contraire au bon sens, à la réalité et cela sans que quiconque n’ait à délivrer la moindre récompense ou punition, simplement PAR CONFORMISME.

Solomon Asch a démontré le changement de comportement d’une personne sous la pression d’une autre, même si son opinion est fausse.

Lors de cette expérience, les participants devaient dire quelle baguette (A, B ou C – voir image ci-dessus) était équivalente à la baguette de présentation. La question était tellement simple qu’il n’y avait pas moyen de se tromper.

Sauf que, dans ces expériences, tous les autres participants sauf un, étaient complices des chercheurs et ils ont tous donné – volontairement – de fausses réponses. Le seul vrai participant a toujours répondu en avant-dernier.

Voici les résultats :

  • 5% des participants ont toujours donné une RÉPONSE FAUSSE en conformité avec les complices des chercheurs
  • 25% des participants ont toujours donné une RÉPONSE PERSONNELLE, sans influence du groupe.
  • 70% des participants ont donné des réponses PARTIELLEMENT FAUSSES
  • Au total, dans plus de 36,8 % des réponse, le sujet de l’expérience a suivi l’avis de la majorité, même s’il avait clairement vu que c’était la mauvaise réponse.

Et ceux qui ont exprimé leur propre opinion ont éprouvé un grand malaise. Et ce n’est que dans les cas où certains des faux participants avaient exprimé une opinion contraire à la majorité, que les sujets ont répondu correctement plus facilement.

Si dans le cas où NOUS CONNAISSONS LA BONNE RÉPONSE, 70% des gens se fient sporadiquement à l’avis du groupe et donnent dans 36,8 % des cas une MAUVAISE RÉPONSE, combien seront-ils s’ils ne connaissent PAS LA BONNE RÉPONSE ?

Difficile à estimer, mais cela veut dire qu’aujourd’hui – encore – nous condamnerions certainement Galilée. Entre ceux qui ne savent pas (homéopathie) et ceux qui suivent (climat), peut-on faire CONFIANCE au VOTE des citoyens ?

Le vote n’est qu’une mascarade, un jeu de dupes et une incitation à se conformer et à CONFIRMER l’avis de la masse.

Le vote – en démocratie – n’est rien d’autre qu’une machine à entériner des habitudes et celles de leur entourage. Les votants n’ont pas LES MOYENS d’un choix réel (homéopathie, abris PC, LAMAL, AVS, je suis Charlie). Pour exprimer – ce qu’il croit être – « son » opinion, l’individu a besoin de s’appuyer sur l’avis du groupe, ce qu’on appelle une INFLUENCE NORMATIVE.

Il est humain de se tromper

LE CONSENTEMENT ou LA PENSÉE UNIQUE

Les gens s’enferrent dans des processus psychologiques et font tout pour défendre le système existant et le justifier.

Comment expliquer cette tendance à penser que le statu quo est bon, et que les choses qui sont en dehors de la norme sont négatives ?

Des études montrent que les gens cherchent à maintenir leurs points de vues qui légitiment leurs systèmes sociaux, même lorsque des informations leur suggèrent le contraire.

Les psychologues Aaron C. Kay de l’Université Duke et Justin Friesen de l’Université de Waterloo, dans leur étude de 2011, ont trouvé 4 conditions qui peuvent motiver à justifier un système.

1.- Le système est menacé

« En temps de crise », disent les auteurs, « lorsque qu’ils se sentent menacés, les gens se défendent eux-mêmes en défendant leurs systèmes et en voulant croire que le système fonctionne ».

2.- Les gens sont dépendants du système

Les gens défendent également des systèmes desquels ils dépendent.

3.- Les gens ne peuvent échapper au système

« Lorsque nous sentons que nous ne pouvons pas échapper à un système, nous nous adaptons. Cela inclut d’accepter des choses que, autrement, nous pourrions considérer indésirables », expliquent les chercheurs.

« On penserait que quand les gens sont coincés avec un système, ils voudraient davantage le changer », dit Kay. « Mais en fait, plus ils sont coincés, plus ils sont susceptibles d’expliquer ses lacunes. »

4.- Les gens ont peu de contrôle personnel

Finalement, leurs études suggèrent que quand les gens sentent un manque de contrôle personnel sur leur propre vie, ils ont tendance à compenser en soutenant les systèmes et les dirigeants qui offrent un sens de l’ordre, afin d’être rassurés que les choses sont sous contrôle.

La JUSTIFICATION, soulignent les chercheurs, n’est pas la même chose que l’APPROBATION. En justifiant un système, les gens lui attribuent souvent des qualités qu’il n’a pas mais devrait avoir.

La démocratie réunit – hélas – ces 4 aspects :

  • On veut nous faire croire que le système est menacé
  • De plus en plus les gens sont dépendants du système
  • Tout est fait pour que les gens ne puissent pas échapper au système
  • On limite de plus en plus les choix des individus, les gens ont peu de contrôle personnel

Mais, il y a des limites, des points de basculement (tipping points), au-delà desquels les systèmes ne sont plus considérés comme légitimes, mais comme complètement illégitimes et donc presque impossibles à défendre.

ASSUMER SES PROPRES RESPONSABILITÉS

Commençons par assumer les problèmes à notre portée. Prenons des décisions à l’échelle de notre responsabilité. Je ne sais pas ce que sera la réchauffement climatique dans 20 ans, je ne sais même pas si l’homme en est responsable, mais ce que je sais c’est que l’alcool est responsable de la mort de 50.000 personnes par an en France, selon Agnès Buzyn, la ministre de la Santé .

Nous pouvons donc – dès aujourd’hui – sauver 50’000 personnes par an – là, tout-de-suite – plutôt que de lutter contre des moulins à vent et de fixer des taxes « Nutella ».


Je suis ABSTENTIONNISTE car mon CHOIX et mon JUGEMENT me sont PERSONNELS.

Sachant cela, peut-on vraiment faire confiance aux votes des citoyens ? Les choix démocratiques sont-ils vraiment si sûrs et si porteurs de bon sens et de vérité qu’ils puissent être imposés à tout le monde ? A chacun de juger. Pour ma part c’est fait et je suis résolument ABSTENTIONNISTE.

Je suis ABSTENTIONNISTE car je ne marche pas sous le coup de menaces. Les craintes crées – de toutes pièces – par le système n’ont pas de prise sur moi (le climat).

Je suis ABSTENTIONNISTE car j’ai choisi d’être très (très) peu dépendant du système (pas de LPP, pas de LAMAL, pas de dettes).

Je suis ABSTENTIONNISTE car je fais tout – depuis toujours – pour échapper à l’emprise du système, pour assumer mes propres responsabilités et mon indépendance.

Je suis ABSTENTIONNISTE car j’ai des doutes et je les assume. Si ces doutes m’amènent – quelque fois – à remettre en cause mes décisions antérieures, je n’hésite pas à le faire. Mais ces doutes – surtout et avant tout – m’amènent à être flexible, ouvert, prêt au(x) changement(s).

Je suis ABSTENTIONNISTE car je m’interdis de suivre aveuglément le dictât d’une majorité endoctrinée par des dogmes et le conformisme.

Je suis ABSTENTIONNISTE car je n’ai pas le temps d’attendre 359 ans leur repentance.

La BONNE NOUVELLE c’est qu’il est de plus en plus possible de ne pas être soumis au conformisme et de se libérer des choix imposés par la démocratie.

L’AUTRE BONNE NOUVELLE, c’est qu’on a le droit de faire des erreurs car comme le disait très justement Volkswagen, « On ne peut tout de même pas se tromper tout le temps ».

Je vous souhaite une bonne et agréable journée.

PS : la semaine prochaine je vous parle d’uchronie et de la façon de vouloir réécrire l’histoire. Qui n’a jamais employé l’expression : « ce jour là, j’aurais mieux fait de me casser une jambe » ? A jeudi prochain.