LA DÉMOCRATIE – TYRANNIE DE L’ARBITRAGE D’UNE MAJORITÉ « VIRTUELLE »

La démocratie est une DICTATURE du plus grand nombre sur des MINORITÉS

Le sujet de ce billet traite de la FORMATION D’UNE MAJORITÉ ainsi que de la place dévolue à la MINORITÉ.

LA FORMATION DE LA MAJORITÉ

Voyons d’abord de quoi ce compose cette MAJORITÉ.

Petit exercice pratique. Vous prenez l’image située ci-dessous, vous CHOISISSEZ une pièce JAUNE de départ et vous décidez de former – à partir d’elle – une MAJORITÉ.

La majorité est une notion VIRTUELLE souvent formée d’une somme de MINORITÉS

Il y a 5 grandeurs et 5 couleurs différentes. Il y a donc 25 types, espèces, sortes différents. Mais aucune couleur, aucune position, ni aucune grandeur n’a de majorité par elle-même.

Quelle que soit la couleur, la position et/ou la grandeur de votre pièce de légo de départ, il vous faudra COMPOSER une majorité en faisant des alliances, jusqu’à convaincre – par des COMPROMIS – le 50,1 % de l’ensemble des pièces.

Vous ÊTES une MINORITÉ qui avez besoin d’autres MINORITÉS pour former une MAJORITÉ en excluant d’autres MINORITÉS.

Car il N’EXISTE AUCUNE MAJORITÉ NATURELLE, INITIALE PAR DÉFAUT.

La DÉMOCRATIE est un système qui donne – hélas – le droit d’EXCLURE des MINORITÉS pour faire passer votre MINORITÉ dans le camp de la MAJORITÉ « VIRTUELLE ».

L’objectif – dans une démocratie – ce n’est pas le choix de 50,1 % des votants, c’est leur dégoût des autres choix. Les votants NE vous CHOISISSENT PAS pour votre programme, ils EXCLUENT celui de votre adversaire.

Pour former une majorité, il faut d’abord se faire MOINS DÉTESTER que l’adversaire.

Vous avez réussi le premier exercice ? Mes félicitations. Passons alors au second, dans le cas concret et réel de la Suisse.

L’EXERCICE DE LA MAJORITÉ EN SUISSE

La Suisse a 26 cantons. La population de 13 cantons (50 % du nombre de cantons) est INFÉRIEURE au SEUL canton (< 4% du nombre de cantons) de Zürich mais possède 13 fois plus de sièges au conseil des États.

La MAJORITÉ ABSOLUE de la population est obtenue avec 4 1/2 cantons les PLUS peuplés ou 21 1/2 les MOINS peuplés.

8 cantons les moins peuplés, représentent – chacun – moins de 1 % de la population pour un total de moins de 5 %.

Plus compliqué, lorsqu’on AJOUTE une SECONDE VARIABLE. Si l’on croise cette majorité de la population avec – par exemple – la répartition des différente religions ou des différentes langues nationales, la majorité obtenue est au mieux arbitraire au pire digne d’un régime bananier.

L’exercice de la majorité en Suisse. Excellent site de atheist raskalnikow

Mais il y a encore plus compliqué. Lorsque l’on regarde de plus près le DÉCOUPAGE de la population suisse, on se rend compte que plus de 80 VILLES SUISSES ont plus d’habitants que le canton d’Appenzell rhodes intérieures. Statistiquement plus de 80 VILLES SUISSES mériteraient d’avoir 1 CONSEILLER AUX ÉTATS. Pour cette raison, il est bien connu que certains conseillers municipaux ONT PLUS DE RESPONSABILITÉS que certains CONSEILLERS D’ÉTAT.

La MAJORITÉ dépend donc PRINCIPALEMENT d’un PRÉ-DÉCOUPAGE ARBITRAIRE (en Suisse cantonal et/ou communal). Changez ce pré-découpage arbitraire et vous changez la majorité.

Plus de 80 VILLES SUISSES ont plus d’habitants que le canton d’Appenzell rhodes- intérieures. Excellent site de atheist raskalnikow

LA DICTATURE DE LA MAJORITÉ

Avant de vous parler d’une « dictature de la majorité », voyons de quoi concrètement est formée cette fameuse majorité.

« Si cinquante millions de gens disent une sottise, ça n’en reste pas moins une sottise. » – Anatole France

Il existe différents types de pouvoirs et différentes manières de les exercer. En général c’est un rapport de force qui l’emporte sur la partie la plus faible. La DÉMOCRATIE ne fait pas exception.

Lors du premier tour des élections françaises – qui se caractérise principalement par le SOUTIEN à un programme – Emmanuel Macron a obtenu l’appui d’à peine plus de 18% des inscrits. Lors du second tour – exprimant surtout le REFUS des autres options – il n’a pas même pas atteint le soutien de 44% des inscrits.

Il a donc réuni 18 % des inscrits POUR son programme et a dû convaincre 26 % des inscrits (qui ne pouvaient plus voter pour leur propre programme au second tour) de ne PAS VOTER pour l’autre programme. Sa MAJORITÉ est donc faite PRINCIPALEMENT (en majorité aurais-je envie de dire sarcastiquement) de personnes qui N’ONT PAS VOTÉ pour l’autre programme mais aussi qui N’ONT PAS VOTÉ pour son propre programme.

Sa MAJORITÉ est d’abord et avant tout une SOMME de MINORITÉS qui n’avaient PLUS de CHOIX personnels possibles au second tour.

C’est paradoxalement ce que n’ont pas compris les GILETS JAUNES. Leurs revendications ne suffisent pas à convaincre une majorité, ni à rallier à leur cause d’autres MINORITÉS.

Résultats du premier tour des législatives de 2017 en France.
C’est comme avec le lego, les JAUNES n’ONT PAS de MAJORITÉ naturelle, ils doivent s’allier avec d’autres couleurs

LA DICTATURE DE LA MINORITÉ

Détrompez-vous, c’est exactement pareil en Suisse. Et il n’est pas acceptable qu’un pouvoir aussi absolu que celui du dictât d’une partie de la population découle d’une légitimité représentative aussi faible.

Et cela devient encore plus TYRANNIQUE lorsque ce – faible – pouvoir veut imposer des mesures – tout-à-fait – ARBITRAIRES et – tout-à-fait – MINORITAIRES à la population entière. Un tel système ne peut mener qu’à des affrontements et des tensions.

LA TOLÉRANCE DES DIFFÉRENCES

L’HOMOGÉNÉITÉ culturelle d’une société comme une réalité STRUCTURELLE ou comme un objectif du pouvoir de la majorité est un MYTHE. La diversité culturelle est vitale et inévitable car c’est une preuve de respect de la liberté de chacun de décider de sa vie et de créer de la diversité à l’infini.

Le point de vue d’une MINORITÉ ne peut pas devenir la LOI COMMUNE d’une société. Si la démocratie ne comprend pas que la liberté de chacun de décider de sa vie EST UN DROIT INALIÉNABLE etIMPRESCRIPTIBLE, comme Kodak, elle sera REMPLACÉE.

SUPÉRIEUR EN NOMBRE NE SIGNIFIE PAS SUPÉRIEUR EN VALEUR.

La QUANTITÉ n’a jamais été une unité de mesure de la VALEUR. « J’ai passé une heure avec elle, nous avons marché trois kilomètres puis nous avons bu deux cafés » ne renseigne pas sur la qualité des instants partagés.

L’État ne peut – et ne doit – pas intervenir dans la DÉFINITION de VALEURS religieuses, morales et culturelles, qui sont par nature – et doivent rester – des choix spécifiques et PERSONNELS.

Il existe une sphère privée où s’expriment librement et totalement des différences, et une sphère publique, où se régule la cohabitation de ces différences lorsqu’elles portent atteinte aux libertés des autres.

Le rôle de l’État doit – uniquement – se limiter à régler la cohabitation de ces différentes valeurs. De plus, dans la plupart des cas, le système démocratique ne peut pas le faire sous forme d’un DICTÂT d’une MAJORITÉ.

Au contraire du FORMATAGE que prône le dictât de la majorité (Harmos, Billag, sacs poubelle, heures d’ouverture), le rôle de l’État doit offrir la LIBERTÉ de choix et la DIFFÉRENCE individuelle en ne traitant exclusivement que de la COHABITATION.

La solution se trouve dans une COHABITATION de la PLURALITÉ culturelle et sociale, voulue, choisie et librement consentie.

On attend de l’État qu’il soit le lien entre ces différentes valeurs en créant un CONTRAT SOCIAL dont il soit le garant.

Que l’on soit contre une solution, ou une valeur, car on a peur de l’inconnu – et souvent ça ne va pas plus loin – pourquoi pas. Mais la peur n’est qu’une émotion ressentie en présence d’un danger, d’une menace qui peuvent être virtuels, mais ce n’est pas un élément suffisant pour interdire ou imposer un choix à l’ensemble de la population.

Si certains ont encore peur d’une explosion nucléaire – libres à eux de bâtir des abris – s’ils pensent que notre aviation militaire les protège – libres à eux de payer les 8 milliards nécessaires à l’achat de nouveaux avions. Mais de grâce qu’ils n’imposent pas leur choix aux autres.

Je suis ABSTENTIONNISTE car je me refuse de VOTER pour quelqu’un uniquement parce que je ne peux PAS VOTER pour quelqu’un d’autre. Je ne cautionne pas un système qui me demande de choisir d’EXCLURE LA SOLUTION LA MOINS BONNE. Si glisser le bulletin dans l’urne c’est choisir entre des coups de bâton ou des gifles sans autres choix, c’est sans moi.

Je suis ABSTENTIONNISTE car je me refuse de donner le MONOPOLE de la décision à la MAJORITÉ (à la seule exception près d’une mise en en péril de mort – conduire à droite ou à gauche en est un exemple – où le choix DOIT ÊTRE IMPOSÉ à tous).

En tant de MINORITÉ je ne vois pas une énorme différence à être soumis au DICTÂT d’un roi, d’un sultan, d’un monarque ou d’une masse ochlocratique. Ma position est la même. Je refuse de me soumettre sans condition à des VALEURS qui ne sont pas les miennes.

WON BY ONE

Pour ceux qui n’aurait pas – encore – compris le ressentiment de la minorité qui a – tout – perdu, rappelez-vous…

Il y a eu une MAJORITÉ contre CLINTON qui n’a eu d’autre choix que de voter POUR TRUMP.

La BONNE NOUVELLE c’est que la MAJORITÉ INTRINSÈQUE n’existe pas, que son pouvoir – éphémère et de complaisance – est soumis à des retournements de situations souvent surprenants.

L’AUTRE BONNE NOUVELLE c’est que, malgré une furieuse explosion de lois de cette « majorité », qui veut légiférer de plus en plus et dans de plus en plus de domaines, son MONOPOLE TYRANNIQUE diminue irrévocablement. La masse perd son dictât, principalement par MANQUE D’ADHÉSION des autres minorités nécessaires à sa majorité.

Il y a donc de la place, beaucoup de place – en fait toute la place – pour une nouvelle forme de vie commune. Kodak n’a pas vu venir Samsung, il l’a payé de son existence.

Dans la démocratie, le système de dictât par une majorité est obsolète. Mais ses gardiens du temple n’ont rien appris de la chute de Kodak. A leur tour de faire l’expérience d’être remplacés.

Je vous souhaite une douce et agréable journée.

PS: La semaine prochaine, je vous parle de la seule arme qui peut, en même temps, anéantir le capitalisme et changer complètement notre vision de vie communautaire. Je vous parle de la déflation, et plus particulièrement d’un aspect précis, la gratuité. A jeudi prochain.