La solidarité n’est pas un problème financier
ENVISAGEONS LES FAITS
FAIT N° 1
Pour une émission allemande de télé-réalité, un entrepreneur suisse qui est millionnaire a passé neuf jours à Berlin dans la peau d’un clochard. C’est un jeu de rôle extrême auquel a participé Ivar Niederegger de 41 ans.
Ce dernier a décidé de vivre volontairement comme un SDF pour l’émission «Reich und Obdachlos» («Riche et sans domicile fixe»), diffusée début 2012, sur la chaîne de télévision allemande ZDF,raconte le quotidien gratuit suisse 20 Minuten.
Le principe de l’émission est simple, Ivar Niederegger a été «lâché» dans les rues de Berlin avec rien d’autre qu’un sac de couchage et les habits qu’ils portaient sur lui.
Au final, le millionnaire bâlois garde un bon souvenir de ce défi. «Je ne voulais pas rester inactif, alors j’ai commencé à travailler», a-t-il raconté. Six heures plus tard, il avait déjà récolté 40 euros en mendiant.
L’entrepreneur explique notamment avoir peaufiné sa stratégie, au point d’empocher rapidement plus de € 1.- à la minute en moyenne (ce qui ferait plus de CHF 120’000.-/an) rien qu’en faisant la manche. Il s’en est d’ailleurs si bien sorti qu’il a pu, à plusieurs reprises, se payer une chambre dans un hôtel bon marché.
«Avec une certaine intelligence et un peu de charme, vivre dans la rue était assez agréable», a-t-il précisé.
FAIT N° 2
Plus de 3’600 personnes SDF – sans domicile fixe – ont été recensées à Paris dans le cadre de la deuxième édition de la « nuit de la solidarité » du 7 février au 8 février 2019.
SYNTHÈSE
Quelle est la morale de cette histoire ? Elle est d’abord tout-à-fait positive. Quelque soit la situation, il est – et sera toujours – possible de s’en sortir plus qu’honorablement. La situation n’est pas désespérée en elle-même. C’est la façon de l’aborder et de traiter le problème qui fait la réussite ou l’échec.
Ivar Niederegger – SDF un peu particulier je vous l’accorde – s’en est sorti ni grâce à son argent, ni grâce à son statut social ou ses relations, mais par son attitude qu’on appelle aussi SAVOIR-ÊTRE.
Ce n’est pas la SITUATION – ici SDF – qui détermine le besoin d’aide mais la FAÇON d’aborder cette situation. Cela va notamment déterminer le type d’aide à apporter.
L’argent seul ne sera jamais une solution à la solidarité.
LA SOLIDARITÉ uniquement financière EST UTOPIQUE
Lorsqu’ils parlent de SOLIDARITÉ les « bien-pensants » se donnent bonne conscience en culpabilisant « les riches » de ne pas assez partager leurs « avoirs acquis frauduleusement sur le dos des pauvres » grâce à des « avantages » de classe ou d’argent.
L’exemple ci-dessus prouve qu’il n’en est rien et que là n’est définitivement pas le problème.
LA SOLIDARITÉ uniquement FINANCIÈRE EST INUTILE
Allons, plus loin et par hypothèse, envisageons de donner à tout le monde, pour ses 20 ans, un montant de CHF 50’000.-. Puis faisons le bilan de ce montant 10 ans plus tard auprès des « heureux » bénéficiaires.
Nous aurons vraisemblablement 3 cas de figure avec soit :
- un montant inférieur, voire nul
- les CHF 50’000.- auront été VILIPENDÉS et auront servi à couvrir des dépenses courantes et/ou des biens éphémères (tournées de bières, un écran plat pour voir Manchester United et/ou un SUV)
- un montant inchangé
- les CHF 50’000.- auront été IGNORÉS, non utilisés et/ou placés en banque à taux 0%
- un montant supérieur, voir largement supérieur
- les CHF 50’000.- auront été INVESTIS dans les études, dans un commerce ou des expériences dites « enrichissantes »
Maintenant mettons-nous dans la situation d’une nouvelle demande de CHF 50’000.– à distribuer aux mêmes personnes pour leur 30ème, puis 40ème, puis 50ème anniversaire.
Les résultats seront – très vraisemblablement – les mêmes 10, 20 et 30 ans plus tard.
L’AIDE financière n’AURA SERVI À RIEN. Ceux qui en ont besoin ne savent pas quoi en faire, ceux qui savent quoi en faire n’en ont pas besoin.
Remplaçons les CHF 50’000.- par l’accès aux soins ou l’accès aux études, et les diverses opportunités « naturelles » qu’offre – par défaut – la vie. Nous retrouverons – vraisemblablement – le même type de résultats.
Certains auront toujours BESOIN d’AIDE, d’autres n’en tireront aucun avantage, d’autres s’en sortiront TOUJOURS.
L’argent seul ne résout rien.
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Monsieur Ivar Niederegger a réussi à survivre dans un environnement DIFFICILE
- SANS assistance
- SANS aide
- SANS astuces
- SANS relations particulières
- SANS AVANTAGES d’aucune sorte
Il n’a dû sa réussite qu’à SES CONNAISSANCES (économiques – il est déjà millionnaire à 41 ans), SON SAVOIR (la gestion des problèmes, de son temps et des priorités) et plus particulièrement SON SAVOIR-ÊTRE (son charisme pour entrer en contact avec les « donateurs »).
La bonne question à se poser est de savoir ce qu’il faut et comment il faut transmettre ce SAVOIR-ÊTRE aux autres SDF ?
Tout cela pour dire que si l’aide doit être une CANNE à PÊCHE et un couteau – et certainement pas des poissons déjà pêchés, cuits et prêts à être mangés, elle restera à jamais inutile sans un ENSEIGNEMENT de SON MODE D’EMPLOI.
LA SOLIDARITÉ doit être un CONTRAT D’APPRENTISSAGE
Il faut rendre la personne CAPABLE d’affronter la situation et de résoudre les problèmes de façon AUTONOME.
La solidarité – outre qu’elle ne peut pas être qu’un support financier – doit venir de ceux qui SAVENT et non pas de ceux qui ONT.
Cette solidarité nous la pratiquons d’ailleurs déjà TOUS LES JOURS, dans notre couple, avec nos enfants, avec notre famille, notre entourage, nos voisins, nos collègues de travail avec qui nous ÉCHANGEONS beaucoup d’autres choses que de l’argent.
Alors pourquoi ne pas en faire – également – le modèle de la SOLIDARITÉ sociale ?
Aujourd’hui nous sommes À LA LIMITE FINANCIÈRE de la solidarité – sans résultat – des riches. En France, 10 % des contribuables ont payé plus de 70% des recettes de l’impôt sur le revenu en 2016, dont 2% plus de 40%. Fâchez ces contribuables et vous avez un vrai problème de budget.
Il faut donc favoriser une solidarité de ceux qui SAVENT ÊTRE.
Le vrai problème c’est qu’on peut recevoir de l’ARGENT en étant passif, mais pour le SAVOIR ÊTRE (soft skills) il faut être actif, il faut ACCEPTER LE CHANGEMENT, il faut APPRENDRE, se TRANSFORMER, ÉVOLUER, en d’autres mots, PARTICIPER.
Les exemples qui fonctionnent foisonnent. On peut penser à la réussite – notamment mais pas exclusivement – scolaire de nos enfants, le jumelage entre deux communes (qu’on pourrait fortement développer), le parrainage qui reprend la responsabilité des parents en cas d’incapacité ou qui accompagne l’apprenti, le compagnonnage qui encadre l’apprentissage.
Ces quelques exemples ont en commun :
- une TRANSMISSION d’un savoir entre des personnes/unités ayant les mêmes problèmes
- une CONNAISSANCE du contexte et des réponses à apporter
- un APPORT GLOBAL qui inclut l’ensemble des connaissances
- la participation ACTIVE et VOLONTAIRE de la personne aidée
Le Premier ministre français Edouard Philippe a émis l’idée de demander des « contreparties » aux citoyens en échange du versement d’aides sociales. Il a reconnu qu’il s’agissait d’un sujet « explosif ».
Mais peut-être est-ce là la solution.
Aide-toi, le ciel t’aidera. Dans « aide-toi, le ciel t’aidera », il y a « AIDE-TOI ».
- Aider les gens c’est leur permettre de faire le parcours en les rendant capables de le faire PAR LEURS PROPRES MOYENS, pas d’être transporté en bus à l’arrivée.
- Être aidé c’est ACCEPTER D’APPRENDRE à faire le parcours PAR SOI-MÊME.
Peut-être, Monsieur Ivar Niederegger, pourrait-il passer une nuit (dans la rue) avec notre ministre des affaires sociales pour lui transmettre son savoir afin qu’elle sache quelle aide apporter aux SDF et surtout comment l’apporter.
Je suis ABSTENTIONNISTE car la démocratie m’impose son choix dans la QUANTITÉ et le type d’AIDE(S) ainsi que dans le type d’ASSISTÉS. La SOLIDARITÉ est beaucoup trop importante pour qu’on laisse sa responsabilité à l’ÉTAT et sa démocratie. La SOLIDARITÉ doit être une affaire personnelle et volontaire.
La solidarité est le lien social d’engagement et de dépendance réciproques entre des personnes ainsi tenues au bien-être des autres, généralement des membres d’un même groupe liés par une communauté de destin (famille/s, village/s, profession/s, entreprise/s, nation/s, etc.). wikipédia
Arrêtons de vouloir être solidaires avec TOUT/TOUS et n’importe QUOI/QUI. La SOLIDARITÉ doit être un choix libre et personnel.
La SOLIDARITÉ est comme la charité. CHARITÉ/SOLIDARITÉ bien ordonnée commence par SOI-MÊME. C’est ce que nous enseignent toutes les compagnies d’aviation dans l’utilisation des masques à oxygène. D’abord soi, puis ceux dont nous avons la responsabilité. C’est une question de survie.
Puis la SOLIDARITÉ s’étend au proche périmètre, à un cercle restreint de personnes qu’on connaît et dont on comprend les problèmes. La solution réside dans la PROXIMITÉ.
Soyons d’abord solidaires de NOS ENFANTS, puis de NOTRE PARTENAIRE de vie, puis – éventuellement – de NOTRE FAMILLE.
Ensuite, mais ensuite seulement, la SOLIDARITÉ s’élargit. Elle doit être ÉLECTIVE. Il est totalement utopique d’être solidaire avec quelqu’un d’éloigné dont on ne partage pas les valeurs.
La BONNE NOUVELLE c’est qu’on peut commencer demain.
Créons un ESPRIT CIVIL qui tisse un lien social solide dans notre société, dans notre pays, dans notre ville. Formons cet esprit à travers un service civil pour participer aux grands objectifs et défis communs.
Une semaine par an, mettons toutes les personnes au service d’un projet social dePROXIMITÉ, de travaux simples, impliquant et peu coûteux pour venir en aide à nos voisins, aux démunis, aux sans abris et pour distribuer de la nourriture.
Par cette PROXIMITÉ, créons un esprit de rencontre, d’aide, d’échange, pour comprendre, pour se (re)connecter à l’autre, à son voisin.
Faisons de ces journées une chance de dialogue et de développement d’une conscience sociale à travers une action solidaire.
Réduisons la distance de perception entre les gens, le décalage, pour en AUGMENTER LA SOLIDARITÉ.
La SECONDE BONNE NOUVELLE c’est que l’esprit est déjà là.
Pensez par exemple à tous les échanges à travers internet. On donne gratuitement des informations, des photos, des renseignements, des astuces, des programmes.
Le monde de l’entraide existe. Il est même très important. Encore faut-il y PARTICIPER.
Ce modèle d’entraide est d’ailleurs le – meilleur et le seul (?) – moyen de rendre obsolète le modèle capitaliste. Le modèle capitaliste peut se battre contre tout, sauf la GRATUITÉ. J’y reviendrai dans un prochain billet.
Rendons la noblesse à l’union qui – dit-on – fait la force. Et soyons solidaires par CHOIX avec la volonté de « sortir de l’ornière démocratique du bien pensant solidaire » pour mieux vivre ensemble.
Ne nous trompons pas de combat. La seule lutte urgente pour un meilleur CLIMAT parle évidemment du CLIMAT… SOCIAL.
Je vous souhaite une douce et agréable journée.
PS: La semaine prochaine je vous parle de permis de pêche. Vous vous souvenez, c’est là – dit-on – qu’on retrouve les abstentionnistes les jours de votation. A jeudi prochain.